Page:Berlioz - Les Grotesques de la musique, 1859.djvu/57

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sieur ! vous n’y songez pas. À moi le second rang ! À moi une médaille d’argent ! moi qui ai inventé l’emploi de la vis pour fixer la cheville voisine de la mortaise du quadruple échappement ! Je n’ai pas démérité, monsieur ? J’emploie, monsieur, six cents ouvriers ; ma maison est toujours ma maison ; j’envoie toujours mes produits non seulement à Batavia, à Vittoria, à Melbourne, à San-Francisco, mais dans la Nouvelle-Calédonie, dans l’île de Mounin-Sima, monsieur, à Manille, à Tinian, à l’ile de l’Ascension, à Hawaï ; il n’y a pas d’autres pianos que mes pianos à la cour du roi Kamehameha III, les mandarins de Pékin ne prisent que mes pianos, monsieur, on n’en entend pas d’autres à Nagasaki, monsieur… et à Saint-Germain-en-Laye ; oui, monsieur. Et vous venez me parler de médaille d’argent, quand la médaille d’or serait pour moi une fort médiocre distinction ! et vous ne m’avez pas seulement proposé pour le grand cordon de la légion d’Honneur ! Vous me la baillez belle ! Mais nous verrons, monsieur, cela ne se passera pas ainsi. Je proteste, je protesterai ; j’irai trouver l’Empereur, j’en appellerai à toutes les cours de l’Europe, à toutes les présidences du Nouveau-Monde. Je publierai une brochure ! Ah ! bien oui, une médaille d’argent à l’inventeur de l’échappement de la cheville qui fixe la vis de la quadruple mortaise !!! »

Ceci met le feu, vous pouvez le penser, aux mille kilogrammes de poudre qui sont dans la montagne. Mais comme il est absolument impossible de répondre ainsi