Page:Berlioz - Les Soirées de l’orchestre, 1854.djvu/416

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troisième acte, que vous me dénoncez comme le plus dangereux.

POUR LE DERNIER ACTE.

Je n’ai pas voulu, en commençant ma lettre, faire la moindre observation sur certains passages de la vôtre. J’y arrive maintenant.

Ah ! mes quatre ou cinq lecteurs trouvent que j’ai mal agi en racontant les délassements auxquels ils se livrent, eux et leurs confrères, quand il s’agit d’exécuter la musique qu’ils n’aiment point ! délassements que j’avoue avoir moi-même partagés !

Voilà bien les artistes ! s’ils font la moindre chose passable, il faut que les cinq cent trente mille voix de la renommée, sans compter sa trompette, l’annoncent aux cinq parties du monde ; et en quels termes ! et avec quelles fanfares ! je le sais trop. Mais, s’il leur arrive de se laisser entraîner à quelque action ou production qui donne tant soit peu de prise à la critique, malgré tous les ménagements, tous les sourires de cette pauvre critique, en dépit des formes aimables qu’elle prend pour se faire bénigne et douce et bonne fille, en parler seulement est, de sa part, un crime abominable ; à les en croire, c’est une infamie, que dis-je, une platitude, un abus de confiance : et chacun de ces indignés de s’écrier comme Othello : « Il n’y a donc point de carreaux au ciel ! »

Sur ma foi, très-chers, vous m’inspirez de la pitié.

Je vous supposais moins arriérés, et je me croyais, moi, bien plus de vos amis.

Allons ! je vais mettre des gants pour vous écrire, je ne me montrerai désormais dans votre orchestre qu’en cravate blanche, avec toutes mes décorations, et ne vous parlerai, Messeigneurs, que chapeau bas. . . . . . . . .

Plaisanterie à part, une telle susceptibilité est enfantine, (sachez-moi gré de ne pas dire puérile) ; mais comme je vous tiens pour incapables de n’en pas rire à présent, brisons-là, et qu’il n’en soit plus question.