Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/204

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ppliquée au payement des dettes les plus criardes. Enfin, dans l’été de 1833, Henriette Smithson étant ruinée et à peine guérie, je l’épousai, malgré la violente opposition de sa famille et après avoir été obligé, moi, d’en venir auprès de mes parents, aux sommations respectueuses. Le jour de notre mariage, elle n’avait plus au monde que des dettes, et la crainte, de ne pouvoir reparaître avantageusement sur la scène à cause des suites de son accident ; de mon côté j’avais pour tout bien trois cents francs que mon ami Gounet m’avait prêtés, et j’étais de nouveau brouillé avec mes parents...

Mais elle était à moi, je défiais tout.


XLV


Représentation à bénéfice et concert au Théâtre-Italien. — Le quatrième acte d’Hamlet. — Antony. — Défection de l’orchestre. — Je prends ma revanche. — Visite de Paganini. — Son alto. — Composition d’Harold en Italie. — Fautes du chef d’orchestre Girard. — Je prends le parti de toujours conduire l’exécution de mes ouvrages. — Une lettre anonyme.


Il me restait d’ailleurs une faible ressource dans ma pension de lauréat de l’Institut, qui devait durer encore un an et demi. Le ministre de l’intérieur m’avait dispensé du voyage en Allemagne imposé par le règlement de l’Académie des beaux-arts ; je commençais à avoir des partisans à Paris, et j’avais foi dans l’avenir. Pour achever de payer les dettes de ma femme, je recommençai le pénible métier de bénéficiaire, et je vins à bout, après des fatigues inouïes, d’organiser au Théâtre-Italien une représentation suivie d’un concert. Mes amis me vinrent encore en aide à cette occasion, entre autres Alexandre Dumas, qui toute sa vie a été pour moi d’une cordialité parfaite.

Le programme de la soirée se composait de la pièce d’Antony de Dumas, jouée par Firmin et madame Dorval, du 4e acte de l’Hamlet de Shakespeare, joué par Henriette et quelques amateurs anglais que nous avions fini par trouver, et