Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/309

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soprano flexible, d’un timbre assez pur et agile ;

Mademoiselle Hähnel, contralto bien caracterisé ;

Bœticher, excellente basse, d’une grande étendue et d’un beau timbre ; chanteur habile, bel acteur, musicien et lecteur consommé ;

Zsische, basse chantante, d’un vrai talent, dont la voix et la méthode semblent briller au concert plus encore qu’au théâtre.

Mantius, premier ténor ; sa voix manque un peu de souplesse et n’est pas très-étendue ;

Madame Schrœder-Devrient, engagée depuis quelques mois seulement : soprano usé dans le haut, peu flexible, éclatant et dramatique cependant. Madame Devrient chante maintenant trop bas toutes les fois qu’elle ne peut pousser la note avec force. Ses ornements sont de très-mauvais goût, et elle entremêle son chant de phrases et d’interjections parlées, comme font nos acteurs de vaudeville dans leurs couplets, d’un effet exécrable. Cette école de chant est la plus antimusicale et la plus triviale qu’on puisse signaler aux débutants pour qu’ils se gardent de l’imiter.

Pischek, l’excellent baryton dont j’ai parlé à propos de Francfort, vient aussi, dit-on, d’être engagé par M. Meyerbeer. C’est une acquisition précieuse, dont il faut féliciter la direction du théâtre de Berlin.

Voilà, mademoiselle, tout ce que je sais des ressources que possède la musique dramatique dans la capitale de la Prusse. Je n’ai pas entendu une seule représentation du théâtre italien, je m’abstiendrai donc de vous en parler.

Dans une prochaine lettre et avant de m’occuper du récit de mes concerts, j’aurai à rassembler mes souvenirs sur les représentations des Huguenots et d’Armide auxquelles j’ai assisté, sur l’Académie de chant et sur les bandes militaires, institutions d’un caractère essentiellement opposé, mais d’une valeur immense, et dont la splendeur comparée à ce que nous possédons en ce genre, doit profondément humilier notre amour-propre national.