Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/341

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gloire ?... Je ne sais donc, en la quittant, que m’incliner avec respect, et lui dire d’une voix émue :

Vale, Germania, alma parens !


LII


Je mets en scène la Freyschütz à l’Opéra. — Mes récitatifs. — Les chanteurs. — Dessauer. — M. Léon Pillet. — Ravages faits par ses successeurs dans la partition de Weber.


Je revenais de cette longue pérégrination en Allemagne, quand M. Pillet, directeur de l’Opéra, forma le projet de mettre en scène le Freyschütz. Mais dans cet ouvrage les morceaux de musique sont précédés et suivis d’un dialogue en prose, comme dans nos opéras-comiques, et les usages de l’opéra exigeant que tout soit chanté, dans les drames ou tragédies lyriques de son répertoire, il fallait mettre en récitatifs le texte parlé. M. Pillet me proposa cette tâche.

« — Je ne crois pas, lui répondis-je, qu’on dût ajouter au Freyschütz les récitatifs que vous me demandez ; cependant, puisque c’est la condition sans laquelle il ne peut être représenté à l’Opéra, et comme si je ne les écrivais pas vous en confieriez la composition à un autre moins familier, peut-être, que je ne le suis avec Weber, et certainement moins dévoué que moi à la glorification de son chef-d’œuvre, j’accepte votre offre, à une condition : le Freyschütz sera joué absolument tel qu’il est, sans rien changer dans le livret ni dans la musique.

— C’est bien mon intention, répliqua M. Pillet ; me croyez-vous capable de renouveler les scandales de Robin des Bois ?

— Très-bien. En ce cas je vais me mettre à l’œuvre. Comment comptez-vous distribuer les rôles ?