Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/401

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la vivacité des mouvements, il s’ensuit que leur engourdissement continue et qu’il faudra, pour les en tirer, les soumettre longtemps à un traitement particulier. C’est donc pour eux surtout qu’il y aurait grand avantage à créer une classe de rhythme, dont un nombre immense d’instrumentistes d’ailleurs, pourraient aussi faire leur profit.

10º Un conservatoire complet, et jaloux de conserver la tradition des faits intéressants, des œuvres remarquables que nous a légués le passé, et des diverses révolutions de l’art, devrait avoir une chaire d’histoire de la musique, qui maintiendrait dans l’école la connaissance raisonnée des productions de nos devanciers, non-seulement par un enseignement verbal et écrit, mais par des exécutions démonstratives, fidèles et soignées, des belles œuvres dont il s’agirait de perpétuer le souvenir. On ne verrait pas alors des élèves, même de mérite, demeurer, à l’égard des plus magnifiques productions de grands maîtres encore existants, ignorants comme des Hottentots ; et le goût des musiciens ainsi éclairé serait tout autre, et leurs idées deviendraient plus grandes, plus élevées qu’elles ne le sont, et nous compterions enfin dans la pratique de la musique plus d’artistes que d’artisans.


À M. HUMBERT FERRAND


sixième lettre
Prague (Suite et fin).


Une autre classe manque encore a tous les conservatoires existants ; elle me paraît d’importance et de jour en jour plus nécessaire : c’est la classe d’instrumentation. Cette branche de l’art du compositeur a pris depuis quelques années de grands développements ; elle a produit d’assez beaux résultats pour attirer l’attention des critiques et du public ; elle a servi trop souvent aussi à masquer