Page:Berlioz - Mémoires, 1870.djvu/441

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guerre... Ces innombrables et affreux moyens de destruction ! Il faut espérer qu’il en sortira sain et sauf... Ces pièces de canon énormes qu’il est obligé de servir ! ces boulets rouges ! ces fusées à la congrève ! cette pluie de mitraille ! l’incendie ! les voies d’eau ! les explosions de la vapeur !... Ah ! j’en deviendrai fou !. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . je ne puis plus écrire ! . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

DEUX JOURS PLUS TARD

J’y pense toujours. Parlons d’autre chose. Un combat naval... moderne... mon récit marche si lentement. C’est si ennuyeux à écrire, et sans doute aussi à lire. À quoi cela servira-t-il ?... Abrégeons, autant que possible, les faits sans réflexions ni commentaires. Pauvre cher enfant !

Après cette excursion en Dauphiné, je revins à Paris. On bombarde... Bomarsund... il est peut-être au milieu du feu en ce moment...

M. Léon Pillet allait quitter la direction de l’Opéra. M. Nestor Roqueplan et l’éternel Duponchel s’étaient associés et unissaient leurs efforts pour obtenir sa succession. Ils vinrent me trouver.

« — Vous savez, me dirent-ils que M. Pillet ne peut plus rester a l’Opéra ; nous avons des chances pour y entrer (Duponchel pouvait dire : pour y rentrer) ; mais le ministre de l’intérieur ne nous est pas favorable, et vous seul pouvez, par l’intervention du directeur du Journal des Débats, changer, à notre égard, ses dispositions. Voulez-vous demander à M. Armand Bertin de faire une démarche auprès du ministre ? Si, par suite, nous sommes nommés, nous vous offrirons une belle position à l’Opéra ; nous vous donnerons la haute direction de la musique dans ce théâtre, et, en outre, la place de chef d’orchestre.

— Pardon, cette place est occupée par M. Girard, un de mes anciens amis, et à aucun prix je ne voudrais la lui faire perdre.

— Eh bien, il faut deux conducteurs à l’Opéra, nous ne voulons pas conserver le second, qui n’est bon à rien, et nous partagerons alors en deux parties égales, entre M. Girard et vous, les fonctions de chef d’orchestre. Laissez faire, tout sera arrangé à votre satisfaction.»

Séduit par ces belles paroles, j’allai voir M. Bertin. Après quelque hésitation, causée par son peu de confiance dans les deux solliciteurs, il consentit à parler pour eux au ministre. Ils furent nommés.

Dès les premiers jours de leur installation, les avanies de toute espèce commencèrent pour moi à l’Opéra. Roqueplan me donnait des rendez-vous et ne