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LES VOIX.


Les voix sont divisées naturellement en deux grandes cathégories les voix masculines ou graves, et les voix féminines ou aiguës ; ces dernières comprennent non seulement les voix de femmes, mais aussi les voix d’Enfants des deux sexes et les voix de castrats. Les unes et les autres sont encore subdivisées en deux genres distincts, que la théorie généralement admise considère comme étant de la même étendue et différant seulement entre elles par leur degré de gravité. D’après l’usage établi dans toutes les écoles d’Italie et d’Allemagne, la voix d’homme la plus grave (La Basse) s’élèverait du Fa au dessous des portées (clef de Fa) jusqu’au et au Mi bémol au dessus, et la voix d’homme la plus haute (Le Ténor), placée à la quinte au dessus de la précédente, partirait en conséquence de l’Ut au dessous des portées (clef d’Ut quatrième) pour arriver au La et au Si bémol au dessus. Puis les voix de femmes et d’enfants viendraient, dans le même ordre, se ranger précisément à l’octave haute des deux voix d’hommes, en se divisant sous les noms de contralto et de soprano ; la première correspondant à la voix de Basse, et la seconde à la voix de ténor. Le contralto irait ainsi, comme la basse du Fa grave au Mi bémol haut (près de deux octaves), et le soprano, comme le ténor, de l’Ut bas au Si bémol aigu.

EXEMPLE.
soprano.
Voix aiguë des Femmes, enfants et Castrats.

\language "italiano"
\relative do' {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef soprano
  do2 re mi_"Avec les intervalles Chromatiques." fa sol la si do re mi fa sol la sib \bar "||"
}
\layout{
    #(layout-set-staff-size 12)
  }
\header { tagline = ##f}
contralto.
Voix grave des Femmes, enfants et Castrats.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef alto
  fa2 sol la_"Avec les intervalles Chromatiques." si do re mi fa sol la si do re mib \bar "||"
}
\layout{
    #(layout-set-staff-size 12)
  }
\header { tagline = ##f}
tenor.
Voix haute des hommes.

\language "italiano"
\relative do {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef tenor
  do2 re mi_"Avec les intervalles Chromatiques." fa sol la si do re mi fa sol la sib \bar "||"
}
\layout{
    #(layout-set-staff-size 12)
  }
\header { tagline = ##f}
basse.
Voix grave des hommes.

\language "italiano"
\relative do, {
  \override Staff.TimeSignature #'stencil = ##f
  \cadenzaOn
  \clef bass
  fa2 sol la_"Avec les intervalles Chromatiques." si do re mi fa sol la si do re mib \bar "||"
}
\layout{
    #(layout-set-staff-size 12)
  }
\header { tagline = ##f}

Sans doute cette disposition régulière des quatre voix humaines les plus caractérisées à quelque chose de fort séduisant malheureusement il faut reconnaître qu’elle est, à certains égards, insuffisante et dangereuse, puisqu’on se prive d’un grand nombre de voix précieuses, si on l’admet sans restrictions en écrivant des choeurs. La nature, en effet, ne procède pas de la même façon dans tous les climats, et s’il est vrai qu’elle, produise en Italie beaucoup de voix de contralto, on ne saurait nier qu’en France elle en soit extrêmement avare. Les ténors qui montent facilement au La et au Si bémol sont communs en France et en Italie, ils sont plus rares en Allemagne, ou, en revanche, ils ont dans les notes basses plus de sonorité que partout ailleurs. Il est donc, à mon sens, véritablement imprudent d’écrire des choeurs à quatre parties réelles et d’une égale importance, d’après la division classique des voix en Soprani, Contralti, Tenori et Bassi. Il est au moins certain qu’à Paris, dans un choeur ainsi disposé, la partie de contralto, comparativement aux autres parties, surtout dans une grande masse de voix, sera si faible, que la plupart des effets à elle confiés par le compositeur seront à peu près anéantis. Il n’est pas douteux non plus qu’en Allemagne, et même en Italie et en France, si l’on écrit le ténor dans les limites que l’usage lui assigne, c’est-à-dire à la quinte au dessus de la basse, un bon nombre de voix s’arrêteront court devant les passages ou le compositeur les aura fait monter au La et au Si bémol aigus, ou ne feront entendre que des sons faux, forcés et d’un mauvais timbre. On fait l’observation contraire pour les voix de basses ; plusieurs d’entre elles perdent beaucoup de leur sonorité dès l’Ut ou le Si grave, il est inutile d’écrire pour celles là des Sol et des Fa. Puisque la nature produit partout des soprani, des ténors et des basses, je crois donc qu’il est infiniment plus prudent, plus rationnel, et même aussi plus musical, si l’on veut utiliser toutes les voix, d’écrire les choeurs soit à six parties : Premiers et deuxièmes Soprani, premiers et deuxièmes Ténors, Barytons et Basses, (ou premières et deuxièmes Basses), soit à trois parties, en ayant soin seulement de diviser les voix toutes les fois qu’elles approchent des extrémités de leur échelle respective, en donnant à la première Basse une note plus haute d’une tierce, d’une quinte ou d’une octave, que la note trop grave de la seconde Basse, ou au second ténor et au second soprano des sons intermédiaires quand le premier ténor et le premier soprano s’élèvent trop. Il est moins essentiel de séparer les premiers soprani des seconds, quand la phrase s’étend beaucoup au grave, que dans le cas contraire ; les voix aiguës perdent, il est vrai, toute leur force