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D’UN CURÉ DE CAMPAGNE

partage, il l’assume. Nous aurions beaucoup moins de peine à contenter un Dieu géomètre et moraliste.

J’ai annoncé ce matin, après la Grand’Messe, que les jeunes sportifs de la paroisse désireux de former une équipe pourraient se réunir au presbytère, après les vêpres. Je n’ai d’ailleurs pas pris cette décision à l’étourdie, j’ai soigneusement pointé sur mes registres les noms des adhérents probables — quinze sans doute — au moins dix.

M. le curé d’Eutichamps est intervenu auprès de M. le comte (c’est un vieil ami du château). M. le comte n’a pas refusé le terrain, il désire seulement le louer à l’année (300 francs par an) pour cinq ans. Au terme de ce bail, et sauf nouvel accord, il rentrerait en possession dudit terrain, et les aménagements et constructions éventuels deviendraient sa propriété. La vérité est qu’il ne croit probablement pas au succès de mon entreprise ; je suppose même qu’il souhaite me décourager par ce marchandage, qui convient si peu à sa situation, à son caractère. Il a dit au curé d’Eutichamps des paroles assez dures : « Que certaines bonnes volontés trop brouillonnes étaient un danger pour tout le monde, qu’il n’était pas homme à prendre des engagements sur des projets en l’air, que je devais d’abord prouver le mouvement en marchant, et qu’il fallait lui montrer le plus tôt possible ce qu’il appelle mes jocrisses en chandail… »

Je n’ai eu que quatre inscriptions — pas