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II


J’ai eu ce matin, après la messe, une longue conversation avec Mlle Louise. Je la voyais jusqu’ici rarement aux offices de la semaine, car sa situation d’institutrice au château nous impose à tous deux une grande réserve. Mme la comtesse l’estime beaucoup. Elle devait, paraît-il, entrer aux Clarisses, mais s’est consacrée à une vieille mère infirme qui n’est morte que l’année dernière. Les deux petits garçons l’adorent. Malheureusement la fille aînée, Mlle Chantal, ne lui témoigne aucune sympathie et même semble prendre plaisir à l’humilier, à la traiter en domestique. Enfantillages peut-être, mais qui doivent exercer cruellement sa patience, car je tiens de Mme la comtesse qu’elle appartient à une excellente famille et a reçu une éducation supérieure.

J’ai cru comprendre que le château m’approuvait de me passer de servante. On trouverait néanmoins préférable que je fisse la dépense d’une femme de journée, ne fût-ce que pour le principe, une ou deux fois par semaine. Évidemment, c’est une question de principe. J’habite un presbytère très con-