Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/114

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

rancunes contre l’adjudant. Ils croyaient aussi à la paix universelle, parce qu’ils étaient de braves gens, de vieux civilisés, auxquels la guerre faisait honte… Si vous leur parliez de la France, ils prenaient tout de suite l’air têtu et sournois du mauvais élève qui écoute le Sermon de l’aumônier. Et quand vous leur aviez joué cet air du répertoire, ils rigolaient de vous, derrière votre dos, sans malice, à moins qu’ils ne vous soupçonnassent de vous payer leur tête… Cela vous gêne de m’entendre parler si franchement ? N’importe ! Ils faisaient bien mieux que de penser à la France, ce qui, d’ailleurs, était devenu, grâce aux controverses des gens de droite et des gens de gauche, un travail difficile, à la portée seulement des instituteurs ou des curés. Ils faisaient mieux que de penser à la France, ils vivaient ces grandes heures comme leurs ancêtres les auraient vécues, avec simplicité, avec bonhomie, avec une tendresse humaine aussi, car ils partaient sans haine.