Page:Bernanos - La France contre les robots.djvu/115

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Voyons, encore un coup, soyez francs ! Ils ne pouvaient penser à la France de l’Ancien Régime, à une France ténébreuse, qu’on leur avait peinte comme un bagne. Ils eussent plutôt rougi d’elle, rougi de leurs pères qui y avaient été, paraît-il, rossés tant de siècles, et leurs femmes engrossées à la bonne franquette par le seigneur. Non seulement on avait diffamé cette France à leurs yeux, mais on avait pris grand soin de ne rien leur laisser d’elle qui fût réellement à leur portée — pas un costume, pas un patois, pas une chanson. Quand ces braves gens regardaient une cathédrale, ils n’osaient pas l’admirer, ils calculaient la hauteur des tours en se représentant les malheureux serfs grimpant jusque-là, sous le fouet des contremaîtres. Et il ne leur semblait pas trop exaltant non plus de penser à l’autre France — celle de la Révolution, bien entendu, mais aussi celle de Napoléon le Grand, de Napoléon le Petit, de Louis-Philippe, de l’oppression capita-