Page:Bernanos - Scandale de la vérité.djvu/39

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des formes les plus cruelles de la damnation en ce monde.

Oui, j’estime le moment venu de dire ces choses. Je l’ai déjà écrit, je l’écrirai encore, je ne me lasserai pas de l’écrire, sûr d’être compris un jour par d’autres jeunes Français, approuvé, consolé dans la terre étrangère où je prendrai sans doute mon dernier repos. Ce ne sont point les combattants — ridiculisés depuis sous le nom d’Anciens Combattants — qui ont trahi l’attente du pays, du pays qu’ils avaient courageusement, patiemment, humblement servi, chacun selon ses forces. Ils avaient sauvé le pays comme on gagne le pain quotidien. Je parle de l’immense majorité des combattants, — sans oublier les autres, — je parle des ouvriers ou des paysans français qui se fichaient totalement du Kantisme ou de l’ordre latin, auxquels le langage emphatique des petits aspirants de 1917, empoisonnés de propagande officielle, paraissait un charabia incompréhensible. Pauvres gosses, qui après mille imprudences héroïques finissaient par se faire tuer pour montrer qu’ils valaient mieux que leur langage et ne réussissaient ainsi, hélas !