Page:Bernard - Étude sur les marais de la Vendée et les chevaux de Saint-Gervais.djvu/13

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protéger son ouvrage, l’avait pourvue d’une épaisse fourrure, avait garni sa tête, sa crinière, sa queue d’une grande quantité de crins. Les pieds, reposant sur un terrain humide et mou, éaient larges, comme pour empêcher ces malheureuses bêtes d’enfoncer dans le sol. La végétation très active de ce riche pays offrait aux animaux une abondante nourriture, toujours verte, toujours fraîche. Les organes digestifs, constamment remplis d’une grande quantité d’aliments, se développaient énormément. L’air vif, souvent frais et presque toujours humide de ces contrées, forçait la nature à une calorification puissante, et la poitrine se développait, pour faciliter le jeu du cœur et des poumons. L’encolure de ces animaux, toujours obligés de paître, s’allongeait ; la tête, constamment baissée pendant les repas, était gorgée de liquides blancs. Les contractions musculaires incessamment mises en jeu par les courses pendant l’été, pour se défendre des insectes ailés, et, pendant l’hiver, pour sortir du sol fangeux où ils étaient enfoncés, développaient les masses charnues et tendineuses, les os auxquelles elles s’attachent, ainsi que les articulations que celles-ci mettent en mouvement. »

Telle était la race mulassière primitive dont le type est à peu près disparu de nos jours. À mesure que les terrains s’assainissaient, les animaux abandonnés à l’état de nature, subissaient les influences salutaires de ces modifications. On commençait à choisir les meilleurs reproducteurs ; aussi les formes devenaient-elles plus harmonieuses ; leur peau épaisse, chargée de bourre grossière, faisait place à une peau plus fine ; la robe noire devenait plus soyeuse ; la tête empâtée devenait moins lourde, la physionomie plus expressive. Le corps était rond, trapu ; le ventre