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de l’idée à priori et du doute.

de l’expérience comparative et de la contre-épreuve. Il y a des médecins qui craignent et fuient la contre-épreuve ; dès qu’ils ont des observations qui marchent dans le sens de leurs idées, ils ne veulent pas chercher des faits contradictoires dans la crainte de voir leurs hypothèses s’évanouir. Nous avons déjà dit que c’est là un très mauvais esprit : quand on veut trouver la vérité, on ne peut asseoir solidement ses idées qu’en cherchant à détruire ses propres conclusions par des contre-expériences. Or, la seule preuve qu’un phénomène joue le rôle de cause par rapport à un autre, c’est qu’en supprimant le premier, on fait cesser le second.

Je n’insiste pas davantage ici sur ce principe de la méthode expérimentale, parce que plus tard j’aurai l’occasion d’y revenir en donnant des exemples particuliers qui développeront ma pensée. Je me résumerai en disant que l’expérimentateur doit toujours pousser son investigation jusqu’à la contre-épreuve ; sans cela le raisonnement expérimental ne serait pas complet. C’est la contre-épreuve qui prouve le déterminisme nécessaire des phénomènes, et en cela elle est seule capable de satisfaire la raison à laquelle, ainsi que nous l’avons dit, il faut toujours faire remonter le véritable critérium scientifique.

Le raisonnement expérimental, dont nous avons dans ce qui précède examiné les différents termes, se propose le même but dans toutes les sciences. L’expérimentateur veut arriver au déterminisme, c’est-à-dire qu’il cherche à rattacher à l’aide du raisonnement et de l’expérience, les phénomènes naturels à leurs condi-