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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

des êtres vivants nouveaux dans leurs expériences qu’en obéissant à des lois de la nature, qu’ils ne sauraient en aucune façon modifier.

Il n’est pas donné à l’homme de pouvoir modifier les phénomènes cosmiques de l’univers entier ni même ceux de la terre ; mais la science qu’il acquiert lui permet cependant de faire varier et de modifier les conditions des phénomènes qui sont à sa portée. L’homme a déjà gagné ainsi sur la nature minérale une puissance qui se révèle avec éclat dans les applications des sciences modernes, bien qu’elle paraisse n’être encore qu’à son aurore. La science expérimentale appliquée aux corps vivants doit avoir également pour résultat de modifier les phénomènes de la vie en agissant uniquement sur les conditions de ces phénomènes. Mais ici les difficultés se multiplient à raison de la délicatesse des conditions des phénomènes vitaux, de la complexité et de la solidarité de toutes les parties qui se groupent pour constituer un être organisé. C’est ce qui fait que probablement jamais l’homme ne pourra agir aussi facilement sur les espèces animales ou végétales que sur les espèces minérales. Sa puissance restera plus bornée dans les êtres vivants, et d’autant plus qu’ils constitueront des organismes plus élevés, c’est-à-dire plus compliqués. Néanmoins les entraves qui arrêtent la puissance du physiologiste ne résident point dans la nature même des phénomènes de la vie, mais seulement dans leur complexité. Le physiologiste commencera d’abord par atteindre les phénomènes des végétaux et ceux des