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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

lades, et tous les jours le chirurgien pratique des vivisections sur ses opérés. On peut donc expérimenter sur l’homme, mais dans quelles limites ? On a le devoir et par conséquent le droit de pratiquer sur l’homme une expérience toutes les fois qu’elle peut lui sauver la vie, le guérir ou lui procurer un avantage personnel. Le principe de moralité médicale et chirurgicale consiste donc à ne jamais pratiquer sur un homme une expérience qui ne pourrait que lui être nuisible à un degré quelconque, bien que le résultat pût intéresser beaucoup la science, c’est-à-dire la santé des autres. Mais cela n’empêche pas qu’en faisant les expériences et les opérations toujours exclusivement au point de vue de l’intérêt du malade qui les subit, elles ne tournent en même temps au profit de la science. En effet, il ne saurait en être autrement ; un vieux médecin qui a souvent administré les médicaments et qui a beaucoup traité de malades, sera plus expérimenté, c’est-à-dire expérimentera mieux sur ses nouveaux malades parce qu’il s’est instruit par les expériences qu’il a faites sur d’autres. Le chirurgien qui a souvent pratiqué des opérations dans des cas divers s’instruira et se perfectionnera expérimentalement. Donc, on le voit, l’instruction n’arrive jamais que par l’expérience, et cela rentre tout à fait dans les définitions que nous avons données au commencement de cette introduction.

Peut-on faire des expériences ou des vivisections sur les condamnés à mort ? On a cité des exemples analogues à celui que nous avons rappelé plus haut, et dans lesquels on s’était permis des opérations dangereuses