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considérations spéciales aux êtres vivants.

compte encore beaucoup de partisans. Tous les grands anatomistes qui se sont placés à ce point de vue ont cependant contribué puissamment au développement de la science physiologique, et Haller a résumé cette idée de subordination de la physiologie à l’anatomie en définissant la physiologie : anatomia animata. Je comprends facilement que le principe anatomique devait se présenter nécessairement le premier, mais le crois que ce principe est faux en voulant être exclusif, et qu’il est devenu aujourd’hui nuisible à la physiologie, après lui avoir rendu de très grands services, que je ne conteste pas plus que personne. En effet, l’anatomie est une science plus simple que la physiologie, et, par conséquent, elle doit lui être subordonnée, au lieu de la dominer. Toute explication des phénomènes de la vie basée exclusivement sur des considérations anatomiques est nécessairement incomplète. Le grand Haller, qui a résumé cette grande période anatomique de la physiologie dans ses immenses et admirables écrits, a été conduit à fonder une physiologie réduite à la fibre irritable et à la fibre sensitive. Toute la partie humorale ou physico-chimique de la physiologie, qui ne se dissèque pas et qui constitue ce que nous appelons notre milieu intérieur, a été négligée et mise dans l’ombre. Le reproche que j’adresse ici aux anatomistes qui veulent subordonner la physiologie à leur point de vue, je l’adresserai de même aux chimistes et aux physiciens, qui ont voulu en faire autant. Ils ont le même tort de vouloir subordonner la physiologie, science plus complexe, à la chi-