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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

tissus ou des organes, ne me paraît pas avoir une existence distincte comme science. Elle retombe nécessairement dans la physiologie spéciale ou générale, puisque son but devient le même.

On ne distingue les diverses sciences biologiques entre elles que par le but que l’on se propose ou par l’idée que l’on poursuit en les étudiant. Le zoologiste et l’anatomiste comparateur voient l’ensemble des êtres vivants, et ils cherchent à découvrir par l’étude des caractères extérieurs et intérieurs de ces êtres les lois morphologiques de leur évolution et de leur transformation. Le physiologiste se place à un tout autre point de vue : il ne s’occupe que d’une seule chose, des propriétés de la matière vivante et du mécanisme de la vie, sous quelque forme qu’elle se manifeste. Pour lui, il n’y a plus ni genre ni espèce ni classe, il n’y a que des êtres vivants, et s’il en choisit un pour ses études, c’est ordinairement pour la commodité de l’expérimentation. Le physiologiste suit encore une idée différente de celle de l’anatomiste ; ce dernier, ainsi que nous l’avons vu, veut déduire la vie exclusivement de l’anatomie ; il adopte, par conséquent, un plan anatomique. Le physiologiste adopte un autre plan et suit une conception différente : au lieu de procéder de l’organe pour arriver à la fonction, il doit partir du phénomène physiologique et en rechercher l’explication dans l’organisme. Alors le physiologiste appelle à son secours pour résoudre le problème vital toutes les sciences : l’anatomie, la physique, la chimie, qui sont toutes des auxiliaires qui servent d’instruments indispensables à l’investigation. Il faut donc