Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/235

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
229
considérations spéciales aux êtres vivants.

tuai alors des expériences pour rechercher comment se détruit dans l’être vivant le sucre, un des principes alimentaires les mieux définis. Mais, au lieu de m’instruire sur la destruction du sucre, mes expériences me conduisirent à découvrir[1] qu’il se produit constamment du sucre dans les animaux, indépendamment de la nature de l’alimentation. De plus, ces recherches me donnèrent la conviction qu’il s’accomplit dans le milieu organique animal une infinité de phénomènes physico-chimiques très complexes qui donnent naissance à beaucoup d’autres produits que nous ignorons encore et dont les chimistes ne tiennent par conséquent aucun compte dans leurs équations de statique.

Ce qui manque aux statiques chimiques de la vie ou aux diverses appréciations numériques que l’on donne des phénomènes physiologiques, ce ne sont certainement point les lumières chimiques ni la rigueur des calculs ; mais ce sont leurs bases physiologiques qui, la plupart du temps, sont fausses par cela seul qu’elles sont incomplètes. On est ensuite conduit à l’erreur d’autant plus facilement qu’on part de ce résultat expérimental incomplet et qu’on raisonne sans vérifier à chaque pas les déductions du raisonnement. Je vais citer des exemples de ces calculs que je condamne en les prenant dans des ouvrages pour lesquels j’ai d’ailleurs la plus grande estime. MM. Bidder et Schmidt (de Dorpat) ont publié en 1852 des travaux très importants sur la digestion et sur la nutrition. Leurs recherches contiennent des

  1. Voyez la troisième partie de cette introduction.