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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

ture et étrangers à la production du phénomène sur lequel on calcule.

Dans la partie de leurs recherches qui concerne la nutrition, MM. Bidder et Schmidt ont donné une expérience très importante et peut-être une des plus laborieuses qui aient jamais été exécutées. Ils ont fait, au point de vue de l’analyse élémentaire, le bilan de tout ce qu’une chatte a pris et rendu pendant huit jours d’alimentation et dix-neuf jours d’abstinence. Mais cette chatte s’est trouvée dans des conditions physiologiques qu’ils ignoraient ; elle était pleine et elle mit bas ses petits au dix-septième jour de l’expérience. Dans cette circonstance les auteurs ont considéré les petits comme des excréments et les ont calculés avec les substances éliminées comme une simple perte de poids[1]. Je crois qu’il faudrait justifier ces interprétations quand il s’agit de préciser des phénomènes aussi complexes.

En un mot, je considère que, si dans ces travaux de statique chimique appliqués aux phénomènes de la vie, les chiffres répondent à la réalité, ce n’est que par hasard ou parce que le sentiment des expérimentateurs dirige et redresse le calcul. Toutefois je répéterai que la critique que je viens de faire ne s’adresse pas en principe à l’emploi du calcul dans la physiologie, mais qu’elle est seulement relative à son application dans l’état actuel de complexité des phénomènes de la vie. Je suis d’ailleurs heureux de pouvoir ici m’appuyer sur

  1. Bidder et Schmidt, loc. cit., p. 397.