Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
234
de l’expérimentation chez les êtres vivants.

animal, se sont trouvées, dans les expériences de Lavoisier, de Dulong et de Despretz, à peu près égales à celles que donneraient en brûlant le carbone contenu dans l’acide carbonique produit, et l’hydrogène dont on détermine la quantité par une hypothèse bien gratuite, en admettant que la portion de l’oxygène consommée qui ne se trouve pas dans l’acide carbonique a servi à transformer cet oxygène en eau[1]. »

Les phénomènes chimico-physiques de l’organisme vivant sont donc encore aujourd’hui trop complexes pour pouvoir être embrassés dans leur ensemble autrement que par des hypothèses. Pour arriver à la solution exacte de problèmes aussi vastes, il faut commencer par analyser les résultantes de ces réactions compliquées, et les décomposer au moyen de l’expérimentation en questions simples et distinctes. J’ai déjà fait quelques tentatives dans cette voie analytique, en montrant qu’au lieu d’embrasser le problème de la nutrition en bloc, il importe d’abord de déterminer la nature des phénomènes physico-chimiques qui se passent dans un organe formé d’un tissu défini, tel qu’un muscle, une glande, un nerf ; qu’il est nécessaire en même temps de tenir compte de l’état de fonction ou de repos de l’organe. J’ai montré de plus que l’on peut régler à volonté l’état de repos et de fonction d’un organe à l’aide de ses nerfs, et que l’on peut même agir sur lui localement en se mettant à l’abri du retentisse-

  1. Voy. Regnault et Reiset, Recherches chimiques sur la respiration des animaux des diverses classes (Ann. de chimie et de physique, IIIe série, t. XXVI, p. 217).