Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/247

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
241
considérations spéciales aux êtres vivants.

procédé, sur les mêmes animaux, sur les mêmes racines rachidiennes. Fallait-il alors compter les cas positifs et négatifs et dire : la loi est que les racines antérieures sont sensibles, par exemple : 25 fois sur 100 ? Ou bien fallait-il admettre, d’après la théorie de ce qu’on appelle la loi des grands nombres, que dans un nombre immense d’expériences on serait arrivé à trouver que les racines sont aussi souvent sensibles qu’insensibles ? Une pareille statistique eût été ridicule, car il y a une raison pour que les racines soient insensibles et une autre raison pour qu’elles soient sensibles ; c’est cette raison qu’il fallait déterminer, je l’ai cherchée et je l’ai trouvée ; de sorte qu’on peut dire maintenant : les racines rachidiennes antérieures sont toujours sensibles dans des conditions données, et toujours insensibles dans d’autres conditions également déterminées.

Je citerai encore un autre exemple emprunté à la chirurgie. Un grand chirurgien fait des opérations de taille par le même procédé ; il fait ensuite un relevé statistique des cas de mort et des cas de guérison, et il conclut, d’après la statistique, que la loi de la mortalité dans cette opération est de deux sur cinq. Eh bien, je dis que ce rapport ne signifie absolument rien scientifiquement et ne donne aucune certitude pour faire une nouvelle opération, car on ne sait pas si ce nouveau cas devra être dans les guéris ou dans les morts. Ce qu’il y a réellement à faire, au lieu de rassembler empiriquement les faits, c’est de les étudier plus exactement et chacun dans leur déterminisme spécial. Il faut examiner les cas de mort avec grand soin, chercher à y décou-