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de l’expérimentation chez les êtres vivants.

existait-elle comme science ? Évidemment non. C’était un empirisme aveugle qui s’est succédé pendant des siècles en s’enrichissant peu à peu et comme par hasard d’observations et de recherches faites dans des directions isolées. La physiologie, la pathologie et la thérapeutique se sont développées comme des sciences distinctes les unes des autres, ce qui est une fausse voie. Aujourd’hui seulement on peut entrevoir la conception d’une médecine scientifique expérimentale par la fusion de ces trois points de vue en un seul.

Le point de vue expérimental est le couronnement d’une science achevée, car il ne faut pas s’y tromper, la science vraie n’existe que lorsque l’homme est arrivé à prévoir exactement les phénomènes de la nature et à les maîtriser. La constatation et le classement des corps ou des phénomènes naturels ne constituent point la science complète. La vraie science agit et explique son action ou sa puissance : c’est là son caractère, c’est là son but. Il est nécessaire ici de développer ma pensée. J’ai entendu souvent dire à des médecins que la physiologie, c’est-à-dire l’explication des phénomènes de la vie soit à l’état physiologique, soit à l’état pathologique, n’était qu’une partie de la médecine, parce que la médecine était la connaissance générale des maladies. J’ai également entendu dire à des zoologistes que la physiologie, c’est-à-dire l’explication des phénomènes de la vie dans toutes leurs variétés, n’était qu’un démembrement ou une spécialité de la zoologie, parce que la zoologie était la connaissance générale des animaux. En parlant dans le même sens, un géologue ou