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exemples d’investigation expérimentale, etc.

j’ai d’ailleurs publié les détails[1]. Il me suffira d’avoir prouvé que les recherches scientifiques ou les idées expérimentales peuvent prendre naissance à l’occasion d’observations fortuites et en quelque sorte involontaires qui se présentent à nous, soit spontanément, soit à l’occasion d’une expérience faite dans un autre but.

Mais il arrive encore un autre cas, c’est celui dans lequel l’expérimentateur provoque et fait naître volontairement une observation. Ce cas rentre pour ainsi dire dans le précédent ; seulement il en diffère en ce que, au lieu d’attendre que l’observation se présente par hasard dans une circonstance fortuite, on la provoque par une expérience. En reprenant la comparaison de Bacon, nous pourrions dire que l’expérimentateur ressemble dans ce cas à un chasseur qui, au lieu d’attendre tranquillement le gibier, cherche à le faire lever en pratiquant une battue dans les lieux où il suppose son existence. C’est ce que nous avons appelé l’expérience pour voir (p. 50). On met ce procédé en usage toutes les fois qu’on n’a pas d’idée préconçue pour entreprendre des recherches sur un sujet à l’occasion duquel des observations antérieures manquent. Alors on expérimente pour faire naître des observations qui puissent à leur tour faire naître des idées. C’est ce qui arrive habituellement en médecine quand on veut rechercher l’action d’un poison ou d’une substance médicamenteuse quelconque sur l’économie animale ;

  1. Claude Bernard, Sur la quantité d’oxygène que contient le sang veineux des organes glandulaires (Compt. rend. de l’Acad. des sciences, t. XLVII, 6 septembre 1858).