Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/287

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
281
exemples d’investigation expérimentale, etc.

prétation de mon observation, j’instituai une expérience pour vérifier mon hypothèse relative à la persistance de l’oxygène dans le sang veineux. Je fis pour cela passer un courant d’hydrogène dans du sang veineux rutilant pris sur un animal empoisonné par l’oxyde de carbone, mais je ne pus déplacer, comme à l’ordinaire, de l’oxygène. J’essayai d’agir de même sur le sang artériel, je ne réussis pas davantage. Mon idée préconçue était donc fausse. Mais cette impossibilité d’obtenir de l’oxygène du sang d’un chien empoisonné par l’oxyde de carbone fut pour moi une deuxième observation qui me suggéra de nouvelles idées d’après lesquelles je formai une nouvelle hypothèse. Que pouvait être devenu cet oxygène du sang ? Il ne s’était pas changé en acide carbonique, car on ne déplaçait pas non plus des grandes quantités de ce gaz en faisant passer un courant d’hydrogène dans le sang des animaux empoisonnés. D’ailleurs cette supposition était en opposition avec la couleur du sang. Je m’épuisai en conjectures sur la manière dont l’oxyde de carbone pouvait faire disparaître l’oxygène du sang, et comme les gaz se déplacent les uns par les autres, je dus naturellement penser que l’oxyde de carbone pouvait avoir déplacé l’oxygène et l’avoir chassé du sang. Pour le savoir, je résolus de varier l’expérimentation et de placer le sang dans des conditions artificielles qui me permissent de retrouver l’oxygène déplacé. J’étudiai alors l’action de l’oxyde de carbone sur le sang par l’empoisonnement artificiel. Pour cela, je pris une certaine quantité de sang artériel d’un animal sain, je plaçai ce sang sur le mercure dans une éprou-