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applications de la méthode expérimentale.

jour des résultats d’une grande importance en physiologie et en pathologie[1].

Cet exemple prouve, comme les précédents, qu’on peut rencontrer dans les expériences des résultats différents de ceux que les théories et les hypothèses nous font prévoir. Mais si je désire appeler plus particulièrement l’attention sur ce troisième exemple, c’est qu’il nous offre encore un enseignement important, à savoir que, sans cette hypothèse directrice de l’esprit, le fait expérimental qui la contredit n’aurait pas été aperçu. En effet, je ne suis pas le premier expérimentateur qui ait coupé sur des animaux vivants la portion cervicale du grand sympathique. Pourfour du Petit avait pratiqué cette expérience au commencement du siècle dernier, et il découvrit les effets de ce nerf sur la pupille en partant d’une hypothèse anatomique d’après laquelle ce nerf était supposé porter les esprits animaux dans les yeux[2]. Depuis lors beaucoup de physiologistes ont répété la même opération dans le but de vérifier ou d’expliquer les modifications de l’œil que Pourfour du Petit avait le premier signalées. Mais aucun de ces physiologistes n’avait remarqué le phénomène de calorification des parties dont je parle et ne l’avait rattaché à la section du grand sympathique, bien que ce phéno-

  1. Claude Bernard, Recherches expérimentales sur le grand sympathique, etc. (Mémoires de la Société de biologie, t. v, 1853). — Sur les nerfs vasculaires et caloriques du grand sympathique (Comptes rendus de l’Acad. des sciences, 1852, t. XXXIV, 1862, t. LV).
  2. Pourfour du Petit, Mémoire dans lequel il est démontré que les nerfs intercostaux fournissent des rameaux qui portent des esprits dans les yeux (Histoire de l’Académie pour l’année 1727).