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exemples d’investigation expérimentale, etc.

mène eût dû se produire nécessairement sous les yeux de tous ceux qui, avant moi, avaient coupé cette partie du sympathique. L’hypothèse, ainsi qu’on le voit, m’avait préparé l’esprit à voir les choses suivant une certaine direction donnée par l’hypothèse même, et ce qui le prouve, c’est que moi-même, comme les autres expérimentateurs, j’avais bien souvent divisé le grand sympathique pour répéter l’expérience de Pourfour du Petit sans voir le fait de calorification que j’ai découvert plus tard quand une hypothèse m’a porté à faire des recherches dans ce sens. L’influence de l’hypothèse est donc ici des plus évidentes ; on avait le fait sous les yeux et on ne le voyait pas parce qu’il ne disait rien à l’esprit. Il était cependant des plus simples à apercevoir, et, depuis que je l’ai signalé, tous les physiologistes sans exception l’ont constaté et vérifié avec la plus grande facilité.

En résumé, les hypothèses et les théories, même mauvaises, sont utiles pour conduire à des découvertes. Cette remarque est vraie pour toutes les sciences. Les alchimistes ont fondé la chimie en poursuivant des problèmes chimériques et des théories fausses aujourd’hui. Dans les sciences physiques, qui sont plus avancées que la biologie, on pourrait citer encore maintenant des savants qui font de grandes découvertes en s’appuyant sur des théories fausses. Cela paraît être en effet une nécessité de la faiblesse de notre esprit que de ne pouvoir arriver à la vérité qu’en passant par une multitude d’erreurs et d’écueils.

Quelle conclusion générale le physiologiste tirera-