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applications de la méthode expérimentale.

qu’on se l’applique à soi-même, soit qu’on l’applique aux autres ; c’est pourquoi dans ce qui va suivre nous donnerons en général deux exemples : l’un choisi dans nos propres recherches, l’autre choisi dans les travaux des autres. En effet, dans la science, il ne s’agit pas seulement de chercher à critiquer les autres, mais le savant doit toujours jouer vis-à-vis de lui-même le rôle d’un critique sévère. Toutes les fois qu’il avance une opinion ou qu’il émet une théorie, il doit être le premier à chercher à les contrôler par la critique et à les asseoir sur des faits bien observés et exactement déterminés.

§ I. — Le principe du déterminisme expérimental n’admet pas des faits contradictoires.

Premier exemple. — Il y a longtemps déjà que j’ai fait connaître une expérience qui, à cette époque, surprit beaucoup les physiologistes : cette expérience consiste à rendre un animal artificiellement diabétique au moyen de la piqûre du plancher du quatrième ventricule. J’arrivai à tenter cette piqûre par suite de considérations théoriques que je n’ai pas à rappeler ; ce qu’il importe seulement de savoir ici, c’est que je réussis du premier coup, c’est-à-dire que je vis le premier lapin que j’opérai devenir très fortement diabétique. Mais ensuite il m’arriva de répéter un grand nombre de fois (huit ou dix fois) cette expérience sans obtenir le premier résultat. Je me trouvais dès lors en présence d’un fait positif et de huit ou dix faits négatifs ; cependant il ne me vint jamais dans l’esprit de nier ma première