Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/335

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
329
exemples de critique expérimentale physiologique.

physiques à la physiologie et à la médecine. Je montrerai plus tard que ce ne sont encore là que des conditions physiques qui sont présentes ou absentes, mais il n’y a rien autre chose de réel ; car encore une fois, au fond de toutes ces explications il n’y a que les conditions ou le déterminisme des phénomènes à trouver.

En résumé, il faut savoir que les mots que nous employons pour exprimer les phénomènes, quand nous ignorons leurs causes, ne sont rien par eux-mêmes, et que, dès que nous leur accordons une valeur dans la critique ou dans les discussions, nous sortons de l’expérience et nous tombons dans la scolastique. Dans les discussions ou dans les explications de phénomènes, il faut toujours bien se garder de sortir de l’observation et de substituer un mot à la place du fait. On est même très souvent attaquable uniquement parce qu’on est sorti du fait et qu’on a conclu par un mot qui va au-delà de ce qui a été observé. L’exemple suivant le prouvera clairement.

Deuxième exemple. — Lorsque je fis mes recherches sur le suc pancréatique, je constatai que ce fluide renferme une matière spéciale, la pancréatine, qui a les caractères mixtes de l’albumine et de la caséine. Cette matière se rapproche de l’albumine en ce qu’elle est coagulable par la chaleur, mais elle diffère en ce que, comme la caséine, elle est précipitable par le sulfate de magnésie. Avant moi, Magendie avait fait des expériences sur le suc pancréatique et il avait dit, d’après ses essais, que le suc pancréatique est un liquide qui contient de l’albumine, tandis que moi, je concluais,