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exemples de critique expérimentale physiologique.

§ II. — De la critique expérimentale pathologique et thérapeutique.

C’est la critique des faits qui donne aux sciences leur véritable caractère. Toute critique scientifique doit ramener les faits au rationalisme. Si, au contraire, la critique est ramenée à un sentiment personnel, la science disparaît parce qu’elle repose sur un critérium qui ne peut ni se prouver ni se transmettre ainsi que cela doit avoir lieu pour les vérités scientifiques. J’ai souvent entendu des médecins à qui l’on demandait la raison de leur diagnostic répondre : je ne sais pas comment je reconnais tel cas, mais cela se voit ; ou bien quand on leur demandait pourquoi ils administraient certains remèdes, ils répondaient qu’ils ne sauraient le dire exactement, et que d’ailleurs ils n’étaient pas tenus d’en rendre raison, puisque c’était leur tact médical et leur intuition qui les dirigeaient. Il est facile de comprendre que les médecins qui raisonnent ainsi nient la science. Mais, en outre, on ne saurait s’élever avec trop de force contre de semblables idées qui sont mauvaises non seulement parce qu’elles étouffent pour la jeunesse tout germe scientifique, mais parce qu’elles favorisent surtout la paresse, l’ignorance et le charlatanisme. Je comprends parfaitement qu’un médecin dise qu’il ne se rend pas toujours compte d’une manière rationnelle de ce qu’il fait et j’admets qu’il en conclue que la science médicale est encore plongée dans les ténèbres de l’empirisme ; mais qu’il parte de là pour élever son tact médical ou son intuition à la hauteur d’un crité-