Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/354

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
348
applications de la méthode expérimentale.

Mais dans l’état actuel de la science biologique, nul ne saurait avoir la prétention d’expliquer complètement la pathologie par la physiologie ; il faut y tendre parce que c’est la voie scientifique ; mais il faut se garder de l’illusion de croire que le problème est résolu. Par conséquent, ce qu’il est prudent et raisonnable de faire pour le moment, c’est d’expliquer dans une maladie tout ce que l’on peut en expliquer par la physiologie en laissant ce qui est encore inexplicable pour les progrès ultérieurs de la science biologique. Cette sorte d’analyse successive, qui ne s’avance dans l’application des phénomènes pathologiques qu’à mesure que les progrès de la science physiologique le permettent, isole peu à peu, et par voie d’élimination, l’élément essentiel de la maladie, en saisit plus exactement les caractères et permet de diriger les efforts de la thérapeutique avec plus de certitude. En outre, avec cette marche analytique progressive, on conserve toujours à la maladie son caractère et sa physionomie propres. Mais si au lieu de cela on profite de quelques rapprochements possibles entre la pathologie et la physiologie pour vouloir expliquer d’emblée toute la maladie, alors on perd le malade de vue, on défigure la maladie et par une fausse application de la physiologie on retarde la médecine expérimentale au lieu de lui faire faire des progrès.

Malheureusement je devrai faire ce reproche de fausse application de la physiologie à la pathologie non seulement à des physiologistes purs, mais je l’adresserai aussi à des pathologistes ou à des médecins de