Page:Bernard - Introduction à l’étude de la médecine expérimentale, Baillière, 1865.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
79
de l’idée à priori et du doute.

rentes du raisonnement ne tiennent qu’à la nature du sujet que l’on traite et à sa plus ou moins grande complexité. Mais, dans tous ces cas, l’esprit de l’homme fonctionne toujours de même par syllogisme ; il ne pourrait pas se conduire autrement.

De même que dans la marche naturelle du corps, l’homme ne peut avancer qu’en posant un pied devant l’autre, de même dans la marche naturelle de l’esprit, l’homme ne peut avancer qu’en mettant une idée devant l’autre. Ce qui veut dire, en d’autres termes, qu’il faut toujours un premier point d’appui à l’esprit comme au corps. Le point d’appui du corps, c’est le sol dont le pied a la sensation ; le point d’appui de l’esprit, c’est le connu, c’est-à-dire une vérité ou un principe dont l’esprit a conscience. L’homme ne peut rien apprendre qu’en allant du connu à l’inconnu ; mais, d’un autre côté, comme l’homme n’a pas en naissant la science infuse et qu’il ne sait rien que ce qu’il apprend, il semble que nous soyons dans un cercle vicieux et que l’homme soit condamné à ne pouvoir rien connaître. Il en serait ainsi, en effet, si l’homme n’avait dans sa raison le sentiment des rapports et du déterminisme qui deviennent critérium de la vérité : mais, dans tous les cas, il ne peut obtenir cette vérité ou en approcher que par le raisonnement et par l’expérience.

D’abord il ne serait pas exact de dire que la déduction n’appartient qu’aux mathématiques et l’induction aux autres sciences exclusivement. Les deux formes de raisonnement investigatif (inductif) et démonstratif