Page:Bernhardt - Mémoires, ma double vie, 1907.djvu/223

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Un hôtel, très en vogue aujourd’hui, m’envoya cette lettre, que je copie textuellement :

Madame,

Si vous consentez à dîner tous les soirs, dans la grande salle à manger, pendant un mois, je mettrai à votre disposition un des appartements du premier étage, se composant de deux chambres à coucher, un grand salon, un petit boudoir, et une salle de bain. Il est bien entendu que cet appartement vous est offert gratuitement si vous consentez à ce que je vous demande... Veuillez agréer..., etc., etc..

Nota. Vous n’aurez à payer que l’entretien des plantes de votre salon. (Suit la signature.)

On n’était pas plus grossier. Je chargeai un ami d’aller secouer un peu ce malotru.


Duquesnel, toujours très bon pour moi à cette époque, vint me trouver quelques semaines après, car il venait de recevoir du papier timbré de La Foncière, compagnie d’assurances contre l’incendie avec laquelle j’avais refusé de signer vingt-quatre heures avant cette catastrophe. Cette Compagnie me réclamait une très forte somme pour les risques locatifs. En effet, la maison était endommagée, le second étage presque complètement détruit ; et il fallut étayer l’immeuble pendant de longs mois.

Je n’avais pas les quarante mille francs réclamés. Duquesnel offrit de donner un « bénéfice » qui me tirerait, disait-il, de tous ces tracas. De Chilly se prêta avec joie à tout ce qui pouvait me servir.

Ce « bénéfice » fut merveilleux, grâce à la présence de la tout adorable Adelina Patti. Jamais la jeune cantatrice, qui était alors marquise de Caux, n’avait encore