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éternelle de toutes les tragédies, comédies, romans, tableaux, poèmes et pamphlets : L’amour, entre le Vice et la Vertu.

Personne, des spectateurs qui ont assisté à la représentation de L’Étrangère, et il y avait autant de Français que d’Anglais, personne ne s’est dit : « Tiens, il manque quelque chose... Je n’ai pas bien compris ce personnage... »

J’ai interrogé un Français très érudit : « Vous n’avez pas vu qu’il y avait un trou au troisième acte ? — Non. — Dans ma grande scène avec Croizette ? — Non. — Eh bien, lisez ce que j’ai passé. » Et, après avoir lu : « Tant mieux ! s’est écrié mon ami, c’est assommant, cette histoire, et bien inutile. J’ai très bien compris le caractère sans cette amphigourique et romanesque histoire. »

Et quand je me suis excusée plus tard près de Dumas fils de cette coupure de son texte : « Ah ! ma, chère enfant, m’a-t-il répondu : quand j’écris une pièce, je la trouve bien ; quand je la vois jouer, je la trouve stupide ; et quand on me la raconte, je la trouve parfaite, parce qu’on en oublie la moitié. »


Les représentations de la Comédie-Française attiraient toujours la foule au Gaiety Théâtre, et je restais la favorite. Je le dis ici avec orgueil, mais sans vanité.

J’étais très heureuse et très reconnaissante de mon succès, mais mes camarades m’en gardaient rancune. Et la guerre commença, sourde et traîtresse.

M. Jarrett, mon conseiller et mon agent, m’avait assuré que je vendrais quelques-unes de mes œuvres, soit en sculpture, soit en peinture. J’apportai donc