Page:Bernhardt - Mémoires, ma double vie, 1907.djvu/588

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le courant assez fort en dessous aurait pu nous en détacher.

Une échelle apportée et adossée à un des grands blocs nous offrit ses échelons sauveurs. Ma sœur monta la première et je la suivis un peu honteuse de notre ridicule.

Le long temps qu’il fallut pour rejoindre la rive permit à la voiture contenant Jarrett de nous rejoindre. Il était blême ; non par la peur du danger que j’avais couru, mais à l’idée que, moi morte, la tournée s’arrêtait. Et il me dit très sérieusement : « Si vous aviez été morte. Madame, vous auriez été malhonnête, car vous brisiez notre contrat par votre volonté. »

Nous eûmes juste le temps de rentrer pour nous rendre à la gare, où m’attendait le train qui devait me conduire à Springfield.

Une foule immense m’attendait, et c’est avec le même cri d’amour souligné par des « au revoir » que le public canadien salua notre départ.