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au large de l’écueil

— Vous vous imaginez cela… Je flâne, tout simplement… Tout est calme ici, la brise est douce, je me laisse engourdir par la paresse la plus délicieuse…

— Es-tu déjà blasé de ta victoire ?…

— Il ne faut pas que j’y songe trop, mère… À mon âge, la tête n’est pas encore bien stable, et elle me tournerait, si j’écoutais Messire Orgueil avec trop de complaisance…

— Tu vois bien que je me suis aperçue que tu me caches quelque chose, là, derrière ce front d’opiniâtre… Allons ! tu as de la peine, et qui, mieux que ta mère, accueillera ta confidence avec amour ?…

— Je n’ai pas de confidence à vous faire, dit-il, avec douceur. Je rêvais à des choses quelconques, à rien, si vous le préférez…

— J’ai lu l’angoisse sur ton visage… Tu ne peux me fuir, Jules, tu souffres, mon enfant… Mon cœur de mère en a la certitude… Tu te défendrais avec moins de mollesse que je n’en douterais pas davantage… Allons ! dis-le moi vite, avant que ton père et Jeanne ne soient revenus de la messe… Tu as de la peine, n’est-ce pas ?…