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CE QUE DISAIT LA FLAMME…

phère fleurant bon l’odeur des substances familières, il épie les manifestations les plus intimes de la cellule animale, scrute l’énigme des microbes, fait subir à des êtres vivants le choc des sérums puissants, découvre la trace d’une loi ignorée, se lance à sa recherche, la traque jusqu’en ses origines, puis la maîtrise, et voilà qu’un spécifique nouveau aura désormais le nom de Jean Fontaine dans la science qui demeure.

Tout l’élan tumultueux de sa jeunesse le transporte. Il se peut que Jean Fontaine soit dupe de son exaltation, mais elle est loyale et virile. À vingt-cinq ans, il est permis de poser une frange d’or au voile de l’avenir. Et c’est ne pas avoir été jeune que de ne pas avoir été ambitieux. Tout de même, il se demande s’il n’est pas berné par un sot orgueil, dominé par le souci de l’étrange et l’horreur de la banalité. Voici qu’il discute son enthousiasme, essaye de le détruire en lui-même. Du fait qu’il veut faire produire à son individualité un maximum d’efforts isolés, résulte-t-il de l’égoïsme, de la fatuité mesquine ? Sans avoir une culture précisément vaste, il est capable d’élever sa pensée, d’éprouver des aspirations hautes. Les échos de la grande joute moderne entre les devoirs solidaires et l’individualisme effréné se sont prolongés jusqu’à lui. Fier d’appartenir à la race