Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/10

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en tout tems obligés de fléchir le genou devant les Miniſtres des Puiſſances inconnues qui recevoient les adorations des peuples.

Preſqu’en tout tems & par-tout les Prêtres ont été les maîtres des Rois ; loin que le pouvoir ſouverain s’étendît ſur les Miniſtres du Ciel, il fut obligé de lui céder ; les Prêtres jouîrent de la grandeur, de la conſidération, de l’impunité. Souvent ils juſtifierent leurs excès par les volontés des Dieux, qui furent eux-mêmes à leurs ordres ; en un mot le Ciel & la Terre furent forcés de leur obéir, & les Souverains ne trouverent d’autre moyen d’exercer l’autorité qui leur avoit été confiée, qu’en ſe ſoumettant eux-mêmes à l’autorité plus redoutable des Miniſtres des Dieux.

Les Prêtres des Religions fauſſes que nous voyons répandues ſur la terre jouiſſent donc, ainſi que les Prêtres de la vraye Religion, du pouvoir le plus illimité. Tout eſt bien reçu par les peuples, quand il eſt merveilleux ou lorſqu’il vient de la Divinité ; ils n’examinent jamais rien d’après leurs Prêtres, qui ſont partout accoutumés à commander à leur raiſon & à ſubjuguer leur entendement. Ne ſoyons donc point ſurpris ſi nous voyons par-tout