Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/23

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avec ces vertus chétives & mépriſables qui n’ont pour objet que le bonheur de la Société ? Cette Société eſt-elle donc deſtinée à être heureuſe ici bas ? Ne lui vaut-il pas mieux d’avoir la foi qui la ſoumet aux Prêtres, l’eſpérance qui la ſoutient dans les maux qu’on lui fait, la charité ſi utile au Clergé ? N’eſt-ce donc pas aſſez pour ſe ſauver d’être humble, c’eſt-à-dire, bien ſoumis ; d’être dévôt, c’eſt-à-dire, bien dévoué à tous les ſaints caprices de l’Egliſe, de ſe conformer aux pratiques qu’elle ordonne ; enfin d’être, ſans y rien comprendre, bien zêlé pour ſes déciſions ? Les vertus ſociales ne ſont bonnes que pour des payens, elles deviendroient inutiles ou même nuiſibles à des Chrétiens ; pour ſe ſauver ils n’ont beſoin que de la morale de leurs Prêtres ou de leurs caſuiſtes, qui bien mieux que des Philoſophes ſavent ce qu’il faut faire pour cela. Les vertus Chrétiennes, la morale Evangélique, les pratiques de dévotion, les cérémonies ſont d’un grand produit pour l’Egliſe ; les vertus humaines ou profanes ne lui donnent aucun profit & ſont ſouvent très-contraires à ſes vues.

Cela poſé, quel eſt l’homme aſſez ingrat ou aſſez aveugle pour refuſer de re-