Page:Bernier - Théologie portative, 1768.djvu/9

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raiſon, comme un ordre d’hommes choiſis par la Divinité même pour guider les autres dans la voye du ſalut, qui doit être l’objet des plus ardens deſirs des peuples, lorſqu’ils ſont aſſez ſages pour ſentir la préférence que méritent les biens éternels & durables ſur les biens temporels & périſſables de ce monde, qui n’eſt qu’un paſſage pour arriver à une vie beaucoup meilleure.

La Religion eſt un des plus grands mobiles des hommes. Les fauſſes Religions, qui ſont l’ouvrage de l’impoſture, partagent avec la vraye, qui eſt l’ouvrage de la Divinité, le droit de faire des impreſſions vives & profondes ſur l’eſprit des nations. Pénétrés de reſpect pour une Divinité toujours incompréhenſible, agités de craintes & d’eſpérances, en un mot religieux, tous les peuples de la terre ont regardé les Prêtres comme les plus utiles des hommes, comme ceux dont les lumières & les ſecours leur étoient les plus néceſſaires ; en conſéquence dans tout pays le Clergé conſtitua toujours le premier ordre de l’Etat ; il fut en droit de commander à tous les autres, il jouit des plus grands honneurs, il fut comblé de richeſſes, il eut un pouvoir ſupérieur même à celui des Souverains, qui furent