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Page:Berquin - Œuvres complètes, Tome XIV, 1803.djvu/128

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Cœurs sensibles, que ses entrailles
Souffrirent dans la longue nuit !
Le jour renait. Dans les broussailles
Elle va chercher quelque fruit.
Elle revient. Qu’apperçoit-elle ?
Une biche accourt vers l’enfant ;
Il presse sa douce mamelle ;
Près d’eux bondit un jeune fan.

O grand Dieu ! le cœur d’une mère
Est un bel ouvrage du tien ?
Son fils peut vivre, elle l’espère,
Ses propres maux ne lui sont rien.
Dans le creux d’un rocher sauvage
La biche accompagne ses pas,
Dans sa main vient brouter l’herbage,
Et nourrir l’enfant dans ses bras.

Et voilà donc la destinée
Qui va remplir ses plus beaux ans !
Seule en ces bois, abandonnée,
Au milieu des loups dévorans !
Des fruits verts sont sa nourriture,
Une mousse humide est son lit ;
Les ennuis, les vents, la froidure,
Sont les hôtes de son réduit.