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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

net. Bon garçon, au demeurant, et heureux de vivre, il tenait ses assises dans un estaminet, qu’il emplissait de sa vaste et prétentieuse personne. Il était originaire de l’Artois, avait connu les ascendants maternels de Paul Verlaine et connaissait l’auteur des Fêtes galantes, pour l’avoir rencontré à Lécluse ou à Fampoux. De concert avec un certain Deverrière, journaliste radical, il jouait vis-à-vis de Rimbaud les Mécène. Et, en échange des prêts de livres et de journaux, des bocks et du tabac dont on le gratifiait, le jeune poète, pour ne pas demeurer en reste d’amabilités, donnait des vers manuscrits dont la truculence transportait d’aise l’anticléricalisme de ces messieurs, sans blesser leur républicanisme à la Gambetta.

Les échantillons qui nous ont été conservés, des poèmes anti-religieux auxquels Rimbaud, pour étonner ces fantoches, exerçait sa verve dès lors géniale, sont : les Pauvres à l’Église, les Poètes de Sept ans, les Premières Communions où ce vers :


Christ, ô Christ ! éternel voleur des énergies,


condense toute la doctrine anti-chrétienne sur laquelle Nietzsche, quelques années après, ratiocinera abondamment, et aussi un fragment d’une longue pièce assez inégale, intitulée l’Homme