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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

taire marchait avec une irréductible fermeté à l’accomplissement de ce qu’elle considérait comme son devoir, sans souci aucun du qu’en-dira-t-on, si malveillant et souvent si préjudiciable dans les petites villes et les campagnes. Elle aimait la solitude. Son éducation avait été relativement soignée ; et il faut dire que sous son enveloppe rigide se cachaient de singulières et profondes délicatesses d’âme. Elle possédait une assez belle faculté d’écrire : sa fille conserve d’elle des lettres d’une grammaire sûre, d’un style précis et grave, acerbe parfois, avec un choix d’expressions qu’on ne trouve pas toujours chez les écrivains professionnels. De tempérament très nerveux, elle avait eu, pendant son enfance, des accès de somnambulisme. Jusqu’à sa mort, survenue le 1er  août 1907, elle demeura très catholique, d’un catholicisme fervent, rigoureux et mystique à la fois. Son énergie foncière, même à la dernière minute, ne faiblit point.


Il est bien évident qu’une femme de cette trempe devait éprouver des froissements au contact moral de l’ancien chef du bureau arabe de Sebdou. De son côté, le capitaine Rimbaud, habitué de commander à des humanités infé-