Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/142

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s’inquiéta de ne plus voir rentrer le trop sourcilleux poète. Elle s’informa. On lui dit que Rimbaud refusait catégoriquement de revenir habiter la chambrette. Charles Cros l’avait accueilli et logé dans son laboratoire. Madame de Banville y fit porter le lit et les autres menus meubles.


Il va sans dire qu’un être d’une telle susceptibilité d’âme et d’un pareil insouci matériel ne pouvait s’accommoder longtemps d’un gîte étranger, fùt-ce celui offert par le meilleur et le plus désintéressé des amis.

On a dit sottement de Rimbaud qu’il était insupportable. Il était, au contraire, pour ses familiers, un charmeur ; et il fut toujours, à ce titre, recherché. Seulement, depuis l’aventure Izambard, le commerce avec les vaniteux lui devenait très pénible. Il redoutait d’eux d’inconscientes trahisons, leur préférait les purs idiots ; et c’est pourquoi, d’ailleurs, il ne fit pas long séjour dans le laboratoire de Cros, où, en même temps que lui, se trouvait hospitalisé un jeune et bellâtre peintre, de talent et d’intelligence médiocres.

Il alla demeurer, rue Racine, avec le génial et fantastique Cabaner, au cœur excellent. Puis, on le vit rue Victor-Cousin.