Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/178

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

il n’est pas moins vrai que, chez Rimbaud, elles arrivaient au cerveau pour s’y embraser et s’y consumer sur place. L’un, celui-ci, était un cérébral ; l’autre, celui-là, était un cardiaque. L’un était chaste impérieusement ; l’autre était passivement luxurieux ; l’un était spiritualiste, l’autre sentimentaliste. Tous ceux qui ont été mis à même d’observer Rimbaud, et Verlaine tout le premier, savent qu’en dépit de son imagination sensuelle il éprouvait la plus grande répulsion pour l’œuvre de chair ; ajoutons qu’il ne pouvait sans souffrance subir d’autrui le moindre attouchement[1]. L’auteur de Parallèlement, au contraire, recherchait tout cela.


Dans un très beau poème, Crimen amoris[2], que Verlaine, parmi les volutes de sa songerie et des contingences de regret, va bientôt écrire dans sa prison des Petits-Carmes à Bruxelles, l’auteur des Illuminations, sous un prétexte vaguement diabolique, est évoqué très ressemblant.

  1. « Je m’éloignais du contact. Étonnante virginité ! » écrit Rimbaud dans l’un des brouillons d’Une saison en Enfer.
  2. Paul Verlaine, Jadis el Naguère. Notons tout de suite que Crimen amoris est postérieur à Une Saison en Enfer, dont il semble inspiré. Il fut composé après le drame de Bruxelles, qu’il évoque subsidiairement, en septembre ou octobre 1873. Rimbaud avait fait tenir à Verlaine, dès septembre, un exemplaire d’Une Saison en Enfer mal paginé et qui semblerait, à cause de cela, avoir été le premier confectionné.