Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/182

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interprétations des camarades et de sa belle-famille. Mais, dans les raisons attachant Rimbaud à Verlaine, il n’y eut, il ne pouvait jamais y avoir autre chose qu’une sympathie spirituelle, la fraternité d’un génie en action pour un génie virtuel, la pitié d’une âme précocement libérée envers une âme souffrant encore des liens sociaux, et la volonté, en surcroît, de se créer un disciple avec cette nature vibrante et délicate, mais hé !as trop faible et menaçant de se rompre comme une corde trop mince aux tensions trop fortes de la vie civile.

Aussi bien, dès février 1872, lorsqu’il crut s’apercevoir du caractère équivoque pris peu à peu par l’amitié de Verlaine éloigné du lit conjugal, Rimbaud prit la détermination de quitter Paris et de retourner près de sa mère, dans les Ardennes.


Depuis le dernier départ de son fils, Madame Rimbaud, dans le prolongement insolite de la séparation, s’anéantissait de chagrin. Elle ne savait où se trouvait le fugitif.

Un matin de la fin de cet hiver, il lui arriva de Paris une lettre anonyme, la renseignant de façon déplorable, mais levant tout de même un peu de son Inquiétude. Il était dit, dans ce papier