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VIII


Il y avait plus d’un mois qu’il était de retour à Charleville ; après les orages de Paris et de Londres, il essayait, dans la vie familiale, de s’accalmer et de se déprendre des vers, remâchant l’amertume de la lutte pour l’Art, examinant avec un relatif sang-froid la direction qu’il allait falloir donner désormais à sa vie, — lorsqu’il reçut d’Angleterre une lettre de Verlaine, très touchante, annonçant une grave maladie et marquant un profond désespoir de se trouver, à la veille de la mort, abandonné de tout le monde.

Point n’était besoin de faire à Rimbaud un long appel douloureux pour que se présentât, devant sa conscience, l’impérieuse nécessité de se dévouer ; en dépit detout, il aimait toujours beaucoup le Pauvre Lélian. Il fit part de la lettre à sa mère. Celle-ci, le voyant très ému et se félicitant, à part soi, du bon cœur de son fils, loin de s’opposer au départ pour Londres, lui remit spontanément l’argent nécessaire au voyage, aller et retour, et à l’existence durant quelques jours.