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JEAN-ARTHUR RIMBAUD

Il s’amusa à égorger les bêtes de luxe. Il fit flamber les palais. Il se ruait sur les gens et les taillait en pièces. — La foule, les toits d’or, les belles bêtes existaient encore.

Peut-on s’extasier dans la destruction, se rajeunir parla cruauté ! Le peuple ne murmura pas. Personne n’offrit le concours de ses vues.

Un soir, il galopait fièrement. Un Génie apparut, d’une beauté ineffable, inavouable même. De sa physionomie et de son maintien ressortait la promesse d’un amour multiple et complexe ! d’un bonheur indicible, insupportable même ! Le Prince et le Génie s’anéantirent probablement dans la santé essentielle. Comment n’auraient-ils pas pu en mourir ? Ensemble donc ils moururent.

Mais ce Prince décéda, dans son palais, à un âge ordinaire. Le Prince était le Génie. Le Génie était le Prince. — La musique savante manque à notre désir.


Il y a, en effet, dans ce morceau souverain, qui fait songer au roi Louis II de Bavière, un narcissisme bien proche en signification de celui si dolent de la Comédie de la Soif.

Faut-il attribuer à la contagion du spleen anglais la tristesse forte et l’ironique découragement que ces géantes productions indiquent chez Rimbaud ? Aucune parole de dégoût concernant Londres ne se trouve pourtant dans son œuvre. Tous ceux qui ont connu le poète après