Page:Berrichon - Jean-Arthur Rimbaud, 1912.djvu/226

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« Je ne me saisissais pas fervemment de cette entreprise. Je m’étais joué de son infirmité. Par ma faute nous retournerions en exil, en esclavage. » Il me supposait un guignon et une innocence très bizarres, et il ajoutait des raisons inquiétantes.

Je répondais en ricanant à ce satanique docteur, et finissais par gagner la fenêtre. Je créais, par delà la campagne traversée par des bandes de musique rare, les fantômes du futur luxe nocturne.

Après cette distraction vaguement hygiénique, je m’étendais sur une paillasse. Et presque chaque nuit, aussitôt endormi, le pauvre frère se levait, la bouche pourrie, les yeux arrachés — tel qu’il se rêvait et me tirait dans la salle en hurlant son songe de chagrin idiot.

J’avais en effet, en toute sincérité d’esprit, pris l’engagement de le rendre à son état primitif de fils du Soleil, — et nous errions, nourris du vin des Palermes et du biscuit de la route, moi pressé de trouver le lieu et la formule.


Il a comme le pressentiment des malheurs qui vont survenir du fait de la faiblesse de son ami. Aussi, le fuit-il dorénavant le plus possible. Verlaine rappelle désespérément celui qu’il appelle « l’homme aux semelles de vent ». Rimbaud revient, pour repartir presque aussitôt, pardonnant toujours pour s’encolérer ensuite. C’est le pardon de Jésus à la Samaritaine qui